Intolérance au lactose
La digestion du lactose qui ne se fait pas complètement chez les personnes connaissant une diminution de leur production de lactase.
L’intolérance au lactose est un ensemble de symptômes gênants provoqués par la difficulté ou l’incapacité à digérer le lactose («sucre de lait ») à cause de l’absence ou de la diminution de la production par l’organisme d’une enzyme digestive, la lactase.
La baisse de la production de lactase à l’âge adulte est la plus fréquente en Asie de l’Est ou en Afrique équatoriale1, où le lait est traditionnellement moins consommé. À l’inverse, cette baisse est plus rare en Europe, dans les Amériques (du fait de l’origine européenne d’une part importante de la population), en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est et au Sahel, où le lait a été anciennement inclus dans l’alimentation. Ainsi, en Europe du Nord, environ 5 % des adultes seulement connaissent une baisse de leur production de lactase alors que, dans certains pays d’Asie de l’Est, elle concerne plus de 90 % de la population.
Chez une partie de ces adultes, cette baisse du taux de lactase sera suffisamment importante pour provoquer une intolérance au lactose. Dans ce cas, les symptômes sont généralement des flatulences, mais l’intolérance au lactose peut également provoquer des diarrhées, des crampes abdominales, voire aller jusqu’à des céphalées et des vomissements dans les cas les plus graves. |
L’intolérance au lactose ne doit pas être confondue avec l’allergie aux protéines de lait, aux conséquences beaucoup plus graves. L’existence de l’intolérance en lactose est un des arguments utilisés par les adeptes du mode de vie paléolithique pour souligner l’inadaptation de l’espèce humaine à l’alimentation issue de la révolution néolithique.
Origine
La baisse de l’activité lactasique après le sevrage est un caractère ancestral antérieur à la révolution néolithique qui a conduit à la domestication des animaux produisant du lait. En effet, avant la domestication des chèvres (Il y a environ 11 000 ans), des brebis (Il y a environ 11 000 ans.), des vaches (Il y a environ 10 500 ans), des chamelles (Il y a environ 3 000 ans.) et des yaks (Il y a environ 2 500 ans.), l’homme ne consommait pas de lait à l’âge adulte.
Ce phénomène concerne encore aujourd’hui la majorité de la population humaine avec de très fortes disparités d’une région à une autre. À la suite de la domestication des animaux producteurs de lait, des mutations génétiques ont eu lieu et se sont propagées favorablement dans les régions où la consommation de lait à l’âge adulte s’est le plus répandue4. À titre d’illustration, 95 % des Européens du nord ne connaissent pas de baisse de l’activité lactasique1. L’étude de squelettes nord-européens vieux de près de 6 000 ans a montré que cette mutation était absente, elle serait donc ultérieure à cette date. En revanche, dans les régions où la consommation de lait s’est le moins répandue, les individus dont la production de lactase diminue à l’âge adulte sont beaucoup plus nombreux. Cette diminution apparaît généralement très tôt dans l’enfance.
La baisse de la production de lactase est donc très inégale au sein de la population humaine et son intensité modérée ne provoque généralement pas de trouble. Seulement, pour une partie de la population concernée par cette diminution, la capacité de digestion du lactose est suffisamment altérée pour que la consommation de lait occasionne des symptômes gênants, c’est ce qu’on appelle l’intolérance au lactose.
Symptômes
Les symptômes apparaissent généralement entre 30 minutes et 2 heures après l’ingestion de la nourriture contenant du lactose. Leur survenue dépend de la quantité de lactose absorbée.
En effet, pour que les symptômes d’une malabsorption surviennent, la quantité de lactose ingérée doit dépasser le taux de lactase restant de manière suffisante pour occasionner des troubles. Ce taux de lactase varie fortement d’un individu à l’autre. Les symptômes digestifs sont en général simplement des ballonnements et des flatulences mais le déficit en lactase peut donner lieu à des diarrhées, des douleurs abdominales, voire des vomissements dans les cas les plus sévères.
Mécanisme
La β-galactosidase une enzyme lactase responsable de l’hydrolyse du lactose.
Le lactose est un glucide se trouvant quasi exclusivement dans le lait des mammifères. Il est dégradé dans le tube digestif par une enzyme appelée lactase qui le dissocie en galactose et en glucose. Elle est présente chez tout le monde durant l’enfance, mais, chez certaines personnes, la production se tarit à l’âge adulte. L’assimilation du lactose par l’individu se trouve alors réduite également. Le lactose excédentaire reste ainsi dans le tube digestif et est métabolisé par certains germes avec production de gaz et de certains composants expliquant les symptômes. Le déficit n’est cependant jamais absolu, permettant l’absorption d’une quantité limitée de lait sans que le sujet ne développe de symptômes.
Rarement, le déficit en lactase est congénital (de naissance), entraînant une intolérance au lait dès le plus jeune âge. On doit distinguer cette forme peu fréquente de celle de certains grands prématurés, secondaire à l’immaturité du tube digestif et dont l’évolution est favorable assez rapidement avec le temps.
L’intolérance au lactose peut découler d’une maladie cœliaque, d’une gastro-entérite ou d’une intolérance au gluten, la destruction des villosités intestinales entraînant secondairement la diminution de la sécrétion de lactase. Ce type d’intolérance temporaire peut également être causée par d’autres affections virales. Dans ces cas, elle peut durer parfois plusieurs semaines et ne s’estomper qu’une fois la muqueuse intestinale guérie.
Diagnostic
Il est le plus souvent évident devant la description des signes. Mais il peut se confondre avec l’allergie aux protéines du lait de vache. Il semble que l’appréciation du statut d’intolérance par les consommateurs soit très subjective. En cas de doute, on peut en provoquer à nouveau les signes en faisant absorber du lactose. Le test peut être sensibilisé par la mesure de la concentration en hydrogène de l’air expiré, qui augmente après absorption de lactose si le sujet est un intolérant vrai.
Solutions
Il y a divers degrés d’intolérance selon la quantité de lactase produite par l’individu. Les personnes souffrant d’intolérance doivent éviter de consommer du lactose dans des quantités qui excèdent leur capacité d’absorption. Si, en théorie, la solution la plus simple est d’exclure de son alimentation une partie des produits contenant du lactose, l’utilisation répandue de celui-ci dans l’industrie agro-alimentaire peut rendre son éviction difficile au quotidien, même si elle reste possible (elle est notamment pratiquée par les végétaliens, qui ne consomment pas de produits laitiers de façon générale).
En règle générale, les yaourts et laits fermentés avec Streptococcus thermophilus, Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Lactobacillus acidophilus (mais non avec Bifidobacterium bifidum), où les bactéries sont vivantes, ainsi que les fromages, sont mieux tolérés, car le lactose y est déjà partiellement hydrolysé par les bactéries. Les fromages à pâte dure contiennent très peu de lactose. L’absorption d’une quantité modérée de lait (entre 12 et 15 g de lactose, soit l’équivalent d’une tasse) se passe, en règle générale, sans problème.
La prise de comprimés de lactase permet une meilleure absorption et la diminution ou la disparition des symptômes. En France, elle a été réservée un temps aux formes infantiles où l’éviction du lait pourrait entraîner des problèmes de dénutrition mais elle est désormais accessible à la population adulte. Aux États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde, ces comprimés sont en vente libre dans les pharmacies sur internet et, en Suisse, en grandes surfaces.
Il existe des laits et produits laitiers délactosés. Dans ces produits (lait, yoghourt, fromage frais, etc.), le lactose est déjà hydrolysé. La teneur en protéines et calcium de ces produits est identique à celle des produits laitiers normaux, leur usage et utilisation culinaire aussi. Le problème de l’intolérance au lactose n’est cependant pas clairement mis en avant pour le marketing de ces produits. Le lait délactosé a une saveur sucrée un peu plus intense que le lait non modifié19, sa valeur nutritive reste la même. Cela permet aux personnes intolérantes au lactose d’accéder au lait.
L’augmentation progressive des doses de lait pourrait également établir une meilleure tolérance de celui-ci.
Épidémiologie
On observe des différences importantes selon les régions du monde. On estime qu’environ 75 % de la population mondiale adulte présenterait une baisse de la capacité à digérer le lactose. L’Europe possède la plus forte concentration de population adulte ne connaissant pas de diminution de sa capacité à digérer le lactose.
En Europe, l’intolérance concerne surtout les populations immigrées et leurs descendants. La baisse de la capacité à digérer le lactose concernerait un cinquième ou un quart de la population européenne et la presque totalité de la population asiatique adulte.
Bibliographie
Valérie Cupillard, Sans lait et sans œufs, Tressan (Hérault, France), éditions de La Plage, 2003, 157 p. (OCLC 422231056) ISBN 2-84221-099-9.
source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Intol%C3%A9rance_au_lactose