L’AROMATHERAPIE
CLEF DE LA MEDECINE SYSTEMIQUE
Entretien avec le Docteur PENOEL – Propos recueillis par Alex Vicq (La Vie Naturelle)
Avec l’apparition des espèces aromatiques, les plantes ont inventé la médecine systémique, car les huiles essentielles ont une action globale sur corps et esprit. Sans doute pratique médicale majeure du XXIème siècle, car les faits sont irréfutables : certaines huiles essentielles contiennent jusqu’à 250 molécules actives différentes, tandis que dans le médicament de synthèse, on ne peut évaluer les interactions de plus de 3 molécules. Les HE ont donc une action globale, un «large spectre» qui plus est sur l’ensemble de la physiologie.
Avec la création de la Médecine Aromatique Intégrée, qui dépasse la simple aromathérapie, le docteur Pénoël entend mettre fin à la scission entre la médecine classique, capable d’analyser finement le bon ou le mauvais fonctionnement des organes, et les médecines énergétiques et environnementales, aux acquis indéniables, pour revenir à la Médecine, c’est-à-dire une médecine de l’homme réellement globale.
– La médecine académique pratique la fragmentation des connaissances et affirme qu’il faudrait être expert dans toutes les sciences pour soigner d’une manière globale. Alors, comment peut-on aujourd’hui pratiquer l’impossible, la médecine systémique ?
Pour aborder la médecine systémique, il est préférable de le faire d’une manière évolutive. La médecine, dans toutes les universités du monde, est sous la domination du système industrialo-médical. Ce système a complètement perdu les racines profondes de ce qu’on appelait la Médecine avec un grand M. Si l’on se réfère à Hippocrate, père fondateur de la médecine et de la pharmacie, à une époque où ces 2 domaines étaient parfaitement intégrés, on s’aperçoit qu’il y a eu dissociation, principalement avec la Révolution industrielle.
On a cru pouvoir totalement dominer la matière, la disséquer, l’analyser, la désintégrer -cas des sciences de l’atome- et on a désintégré pareillement l’être humain, on l’a fragmenté et découpé en tranches de plus en plus fines; de sorte qu’aujourd’hui on arrive à avoir une compréhension ultra-fine des moindres détails et qu’on se rend compte -ce qui est le cas, notamment, d’éminents spécialistes dans leur propre domaine- qu’on a complètement dénaturé le sens premier de la médecine. Aujourd’hui, on possède un grand pouvoir sur la matière physique, chimique et biologique, mais la racine médicale, au sens profondément humain, a été perdue, sauf chez ceux qui font l’effort d’avoir une réflexion différente.
Le problème, c’est que chacun voit sa spécialité, la développe, et perd de vue l’aspect global.
Pour illustrer la manière dont je vois l’évolution de tout ceci, je présente habituellement un triangle, au sommet duquel je place la M.H.N., Médecine et l’Hygiène Naturelles ; au sommet parce que cela confère un éclairage permettant de comprendre énormément de choses sur ce qui se passe dans le corps humain, aussi bien en interne que dans ses relations avec le milieu extérieur. A l’un des angles de la base, je place la M.A.S., Médecine Analytico-Scientifique -celle qui est enseignée dans les facultés de médecine du monde entier- et au 3e angle, je place la M.E.R.S., les Médecines Energétiques, Réflexo-thérapiques Somatotopiques -où l’on trouvera tout aussi bien l’acupuncture que l’auriculothérapie, toute l’énergétique dans les relations de l’homme avec son environnement, la médecine de l’habitat, la géobiologie, etc..
Ensuite, si l’on arrive à intégrer ces 3 aspects, on obtient ce que j’ai appelé la médecine intégrée, et du fait de ma spécialisation avec les huiles essentielles, le nom de Médecine Aromatique Intégrée (M.A.I.) m’a paru effectivement aller bien au-delà de ce qu’on appelait simplement avant l’aromathérapie…
– La M.A.I., Médecine Aromatique Intégrée, serait ainsi le centre de gravité de ce triangle
Oui, et si l’on trace 3 cercles dont les centres se trouvent à chacun des sommets de ce triangle, la zone d’action de la M.A.I. devient clairement la zone d’intersection de ces 3 cercles. On peut tout aussi bien l’appliquer dans le cadre de la médecine et de l’hygiène naturelles, lui trouver des applications très classiques en médecine allopathique du fait de ses particularités pharmacologiques, et définir son action dans le cadre des médecines énergétiques.
– Y compris en psychothérapie.
C’est un domaine majeur! On devrait normalement le retrouver dans toute approche médicale, qu’elle soit naturelle, analytique ou énergétique. Ensuite, si l’on trace un grand cercle qui vienne englober les 3 petits cercles et le triangle, la Médecine Aromatique Intégrée apparaît comme ayant un rôle intégrateur, fédérateur.
Cette fonction intégratrice et intègre, relativement à l’éthique médicale, est évidemment aux antipodes de l’intégrisme, puisqu’au contraire de refuser les différences, nous sommes dans le cas où le système de la M.A.I. laisse chaque chose à sa place naturelle.
– C’est en quelque sorte la compréhension globale des phénomènes.
Il n’y a rien en médecine qui soit totalement mauvais. On peut faire de la mauvaise médecine allopathique comme on peut faire de la mauvaise médecine énergétique. Les spécialistes d’un camp ont tort quand ils rejettent en bloc le travail des spécialistes d’un des autres camps, sans même avoir pris la peine d’étudier ce qu’ils font.
– En quoi la Médecine Aromatique Intégrée est-elle la mieux habilitée à opérer l’intégration des autres médecines ? Qu’est-ce qui fait qu’avec les plantes on peut arriver à un système global plus facilement qu’avec autre chose ?
Pour illustrer ma réponse, je dois revenir sur mon histoire personnelle. A l’âge de 14 ans, j’ai fait ma première crise de conscience écologique. C’étaient les débuts de Nature & Progrès, et Marjolaine tenait son premier salon. De là, ma vocation a été d’abord de m’orienter vers l’agriculture biologique et de me préparer à des études agronomiques. Mais j’avais aussi la passion de connaître le corps humain et le soigner. Je me suis dit que si je devenais ingénieur agronome, le monde médical me serait fermé à jamais. Par contre, si je devenais médecin, rien ne m’empêcherait de revenir au monde des plantes et de la terre. J’ai fait ce choix pour concilier 2 passions complémentaires.
En réalité, en tant qu’êtres vivants sur cette planète Terre, qui est aussi un être vivant dans l’univers, nous avons une interface qui nous permet d’être en vie, c’est le monde des plantes. C’est cette interface qui nous permet de respirer de l’oxygène, de se nourrir et de soigner. C’est la base. On peut certes trouver des remèdes animaux et des remèdes minéraux, mais s’il n’y avait pas le monde des plantes, nous n’aurions pratiquement rien pour nous soigner. A travers la plante, on a affaire au plus vieux, au plus complexe, au plus intelligent, au plus fin de tous les laboratoires. S’il fallait réunir tous les savants qui ont existé, qui existent et qui existeront, on n’arriverait même pas à faire ce que font la lavande, le thym, l’eucalyptus…
– C’est une belle image…
On a cette immense chance de bénéficier de la partie la plus récente des plantes, si l’on se réfère à l’évolution du monde végétal: la partie aromatique. Le monde aromatique a vraiment commencé avec l’apparition des conifères sur la planète Terre, les pins, les sapins, les cyprès.
– Cette évolution marque un saut qualitatif dans l’histoire de la vie.
La Terre est apparue voici 4,5 milliards d’années. Ensuite, la vie a émis ses balbutiements moléculaires il y a 3,5 milliards d’années. Ensuite, un facteur 10 intervient pour que se produise la 1ère évolution aromatique avec l’apparition des conifères, voici 300 millions d’années. Cent millions d’années plus tard apparaissent les angiospermes, c’est-à-dire les plantes à fleurs.
C’est ce que j’ai appelé la 2ème révolution aromatique. Là, c’est une explosion extraordinaire. Après la disparition des dinosaures, les mammifères que nous sommes n’auraient jamais pu exister si la plante à fleur, qui a donné ensuite la graine et toutes ses réserves d’énergie homéotherme, n’avait pas été là pour nous sustenter dans les périodes froides.
A côté de ces processus qui nous nourrissent, il y a des processus qui nous guérissent et des processus qui nous permettent également d’évoluer sur d’autres plans.
Cette plante aromatique, c’est donc en quelque sorte le sommet de l’évolution du monde végétal, comme nous, nous sommes -en principe- le sommet de l’évolution du monde animal.
Mais si, biologiquement, psychologiquement et spirituellement, nous représentons le sommet de l’évolution du règne animal, je ne suis pas sûr que l’homme soit supérieur à la lavande. La différence est qu’elle ne s’exprime pas de la même façon, et quand on développe une autre approche par rapport à ces êtres végétaux, on perçoit des phénomènes qui vont bien au-delà de ce que le commun des mortels est à même de percevoir lorsqu’il utilise un savon à la lavande. On arrive donc, chronologiquement au monde des plantes aromatiques, et la 3ème révolution qui se produit, c’est la découverte de l’extraction des huiles essentielles.
Toutes les civilisations et traditions ethniques ont utilisé des plantes et particulièrement les plantes aromatiques, pour se soigner. Avec une teinture-mère, un élixir, une plante en poudre, cryobroyée…, on peut faire beaucoup de choses ; mais quand on a affaire à une huile essentielle, quelque chose parle littéralement à l’ensemble des sens, olfactif, gustatif, à la vue, à la pénétration cutanée, au massage, voire au niveau spirituel !
L’huile essentielle est vraiment le sommet de cette interface végétale. Et cet acte de création d’huiles essentielles, surtout par la distillation, qui a eu lieu, aussi bien en Inde, en Chine, en Égypte, en Mésopotamie, … est inspiré par le même désir d’obtenir sous la forme la plus concentrée possible et en permanence disponible ce fameux extrait qui sera l’huile essentielle.
On a commencé par des macérations, ensuite on a pratiqué cette alchimie de la distillation. On a transformé une masse végétale brute en un concentré d’énergie solaire! Cette huile essentielle représente en elle-même un système, une réponse aromatique d’une complexité inouïe.
C’est pourquoi je définis l’huile essentielle comme le plus haut degré de concentration de matière, d’énergie et d’information. On en arrive ainsi à ce ternaire aromatique que j’ai imaginé et qui est enseigné aujourd’hui dans le monde entier. Cette idée m’est venue en travaillant beaucoup sur nos grands auteurs français – Laborit avec la « nouvelle grille », Jean-Marie Pelt, Joël de Rosnay, Hubert Reeves, tous nos grands systémistes français – et j’ai appliqué cette pensée systémique à fond pour savoir comment on pouvait tirer le maximum de potentiel à partir de l’huile essentielle.
– Et les Elixirs de fleurs ?
C’est extrêmement différent puisque -d’après mes connaissances- on fait macérer des pétales de fleurs dans une eau très pure. je pense que l’élixir de fleurs serait un peu plus proche du côté homéopathique, en tant que substance diluée, alors qu’en aromathérapie on dispose d’une substance extrêmement concentrée.
Avec les huiles essentielles, on peut travailler sur l’ensemble des aspects de la médecine: luttes anti-bactériennes, anti-virales, contre des maladies extrêmement complexes, et l’on peut aussi aller très loin dans des domaines qui vont toucher les plans affectifs et spirituels. Avec les fleurs de Bach, on n’a pas cette prétention. On sait qu’on va travailler – même si c’est un travail essentiel- sur l’aspect émotionnel.
Globalement, le monde aromatique c’est le pouvoir de guérir, et la médecine du XXIème siècle devra, pour être vraiment performante, même si elle est technologiquement très avancée, avoir recours de plus en plus au pouvoir systémique de ce monde aromatique des plantes.
– Le XXIème siècle devrait abandonner le «tout chimique»
Les grands laboratoires pharmaceutiques le savent déjà et suivent de très près l’aromathérapie. Il faut bien constater que la médecine que nous connaissons actuellement a fait sa révolution à partir de la chimiothérapie anti-infectieuse, c’est-à-dire à partir des sulfamides et des antibiotiques. Or, si on pense au monde des antibiotiques, on voit qu’on s’est concentré sur le monde de la pourriture, sur le monde de l’entropie maximale. La chimico-pharmacie est tout juste capable de conditionner des organismes très simples, comme les antibiotiques, qui sont des moisissures. Si l’on utilise son sens olfactif, on s’aperçoit, quand on est près des usines d’antibiotiques, que ce monde pue et pollue…
Au contraire, quand on se promène dans les campagnes, dans les collines, en ayant la chance de passer près d’une distillerie d’huiles essentielles, cela embaume tout l’environnement.
Corollairement, quand on a affaire à un phénomène infectieux, l’odeur est infecte elle aussi. Médicalement, si l’on arrive à faire disparaître cette odeur, c’est qu’on a détruit la source, et fait disparaître le monde bactérien.
Malheureusement la médecine s’est orientée d’une manière presque univoque sur les antibiotiques et en a déversé littéralement des millions de tonnes dans nos organismes, dans notre nourriture et dans l’environnement.
– Aux Etats-Unis, les antibiotiques n’agissent plus
L’huile essentielle, c’est vraiment la réponse, et c’est par elle qu’une révolution va se produire, en médecine, en agriculture et dans le monde industriel. Et sur le plan éthique, cette révolution va aller dans le sens de l’autonomie du patient par rapport au médecin..